Rio sur Touraine
Sur les rives de la Loire il n'y a pas que des châteaux. On y trouve aussi des bidonvilles faits de toiles de tentes, de cabanes de bric et de broc et montées sur pilotis pour se mettre à l'abri des inondations et des rats. Pas besoin d'aller à Rio, Tours a ses favelas où vivent des réfugiés des pays de l'Est en attente de régularisation, dans des conditions sanitaires effroyables. La douceur de vivre tourangelle n'est pas la même pour tous.
Une jeune maman est venue hier à la Petite Maison, avec son bébé tout neuf de 6 jours:une petite merveille toute rose et toute en cheveux. Intriguées par le prénom peu courant de la petite fille, nous en demandons l'orthographe à la maman, qui nous dit ne pas le savoir: elle ne sait ni lire, ni écrire. Je le lui écris sur un bout de papier pour le lui montrer. Ce n'est pas un cas isolé, des adultes qui ne savent ni lire ni écrire, il y en a beaucoup, et combien aussi d'enfants de 8 ou 9 ans qui ne sont pas scolarisés.
Et comme à chaque permanence, des instants de vie des familles....Des vies fichues en l'air pour une sortie en boîte trop arrosée: un accident de voiture, un jeune tué dans l'accident et c'est la prison. Des parents qui sont hébétés, et qu'il faut écouter. Certes, peut être que ce jeune ne devrait pas se trouver en prison mais allez dire ça à la famille qui a perdu un enfant. Dans le meilleur des cas, il s'en tirera avec quelques années de prison, peu au regard de la vie perdue, mais beaucoup moins qu'un autre qui aura assassiné...la valeur de la vie humaine est différente selon la justice, parfois. Je perds mes certitudes, et je me questionne pas mal .
L'association d'entraide est débordée, quelle que soit la population à qui elle s'adresse. hébergement de jour, de nuit, tout est plein et il n'y a jamais de places suffisantes. Au SDF dont on a tous l'image en tête, la cinquantaine, qui à la suite d'une rupture familiale ou de la perte d'un emploi se retrouve à la rue, il faut ajouter les jeunes en errance, sans qualification ni travail, sans ressources parce que les parents les ont jeté dehors. Et pire encore, ces personnes du troisième âge, qui souvent ont travaillé depuis 13 ou 14 ans, ont une retraite minime et qui ne s'en sortent pas...
La misère n'est pas forcément loin, elle est là, à nos portes et que faire ? L'Etat se désinvestit dans on aide aux plus démunis, comptant bien sur les bénévoles et les dons des particuliers pour faire fonctionner ses associations d'entraide, mais ce n'est pas suffisant.