Ambiance de conseil de classe
J'attends tranquillement dans le couloir que le professeur principal vienne me chercher. Les représentants des parents rentrent toujours un peu aprés, je suppose qu'il y a des choses qu'ils ne sont pas censés entendre, c'est dire à quel point on nous fait confiance. Au bout de 15 mn, je me décide à frapper à la porte et à entrer. J'ai bien fait, sinon j'y serai encore. Je traverse la pièce le plus dignement possible sous le regard quelque peu réprobateur de l'assemblée, pour aller m'asseoir à côté de l'autre représentant. Pourquoi, à chaque réunion au collège et en présence de professeurs même si de plus en plus souvent ils sont plus jeunes que moi :-), ai je l'impression de me retrouver à 14 ans au collège ?
Les tables de 2 sont assemblées en un grand carré. Le principal du collège et le professeur principal sont installés sur un côté, les professeurs serrés comme un régiment de pingouins sur un autre. L'expérience 'a prouvé que même si, autour ou à côté des parents, il y a de la place, ils préfèreront s'installer les uns contre les autres. Le professeur est un animal grégaire qui redoute le contact du parent d'élève, sauvage prédateur sans doute.
Lorsqu'on s'adresse à l'un d'entre eux, on a la désagréable sensation de parler à un mille-pattes: un seul corps mais 8 paires de chaussures sous la table.
Il y a le professeur d'éducation physique, 1m95 et qui ne tolère pas la moindre remarque, il vous est arrivé d'avoir envie de lui crier "Arrière" tellement vous avez cru qu'il allait sauter par dessus la table pour vous alpaguer.
Il a la professeur d'arts plastiques, tellement intéressée qu'elle profite de la durée du conseil pour terminer un travail en retard, elle a toute sa doc avec elle. Il y a le professeur de mathématiques.Vous n'entendez rien de ce qu'il dit, et vous êtes obligé de lui faire répéter chacune de ses appréciations. Charisme, es tu là ? Manifestement non. Pas étonnant qu'il se plaigne de la discipline dans sa classe.
Il y a la prof d'anglais, sosie de Mylène Farmer, qui se plaint du bavardage incessant des filles de la classe, mais qui ne s'aperçoit pas qu'elle fait exactement la même chose avec sa collègue d'espagnol: je te chuchote des trucs à l'oreille et je me bidonne. Le principal est obligé de ramener un peu de calme.
Il y a la prof de français qui répète aux élèves, chez moi 8 de moyenne c'est une bonne note, ne vous attendez pas à plus.
Il y a quand même la professeur principale, qui appelle les parents au téléphone au moindre souci avec un élève et qui les connait parfaitement. C'est aussi elle qui s'occupe du foyer socio-éducatif. C'est aussi elle qui organise les voyages scolaires. Mais pour 2 ou 3 comme elle, combien d'autres désinteréssés ? Comme celui-ci par exemple, qui dit aux élèves : que vous appreniez ou pas, je m'en fiche, je serai payé pareil à la fin du mois.
Il y a ce professeur de SVT, 20 ans d'ancienneté, qui lorsque vous lui posez une question et qu'il a terminé de vous répondre vous ne vous souvenez plus de la question tellemment qu'il emberlificote sa réponse.
Il y a les rires des professeurs à l'énoncé des projets d'études des élèves. Va falloir qu'il s'accroche. Faut qu'il soit réaliste. Elle rêve.
Il y a les commentaires qui tombent comme des couperets. Cet élève n'a rien à faire en seconde. Elève limité. Elève au bout de ses moyens. Celle-ci sera une parfaite hôtesse d'accueil. Elève à côté de la plaque.
Je n'ai même plus envie de faire ce que j'ai fais durant 4 années, tout noter pour faire le résumé aux parents. Vous me voyez dire ça à un parent, ma pauv' dame faut vous y faire y z'ont dit qu'il était limité votre marmot mais c'est pas grave allez, y vont bien lui trouver un CAP ou un BEP. Sauf que maintenant les classes de BEP sont surchargées, que les dossiers pour y entrer sont scrupuleusement détaillés.
J'en ai assez de ce rôle de représentant des parents, cela fait 4 ans que l'on se bagarre dans l'intérêt des enfants et que rien ne bouge d'un petit poil.
Alors je ne note pas ce qu'ils disent, mais je les observe. Ou si, je note leur petites phrases en pensant à mon prochain article.
Tel ou tel élève n'y arrive pas, ne suit pas. Alors on se lamente, on écrit sur le bulletin scolaire: ne doit pas se décourager..mais on fait quoi pour l'aider, dans la pratique?
Va-t-il à l'aide aux devoirs? Bénéficie t-il des heures de soutien en français ou en maths ? A t on rencontré les parents pour parler avec eux de la meilleure façon d'aider leur enfant ? A t on essayé de revoir avec lui sa méthodologie de travail, pour voir où ça coince ?
Parfois, les profs en oublient qu'on est là, nous parents, et se lâchent...j'en ai vu un un jour redire ces mots terribles, la pauvre elle fait ce qu'elle peut mais elle n'a pas beaucoup de moyens. Sauf que ce jour là, c'était un parent d'élève remplaçant le titulaire et en l'occurence le papa de la pauvre gamine en question. Mais le prof n'avait pas pris la peine de s'informer des noms des parents présents avant.
Bon allez, Emma, plus que 2 trimestres et terminés les conseils de classe !
De temps en temps, il y a un zozo qui dit << il faut faire entrer les parents au sein du collège >>.
Cela signifie 2 choses.
Il serait bien vu que toi parent tu fasses un gateau ou 2 pour la boum du collège que tes propres enfants devront acheter.
Et que tu achètes les posters/cartes postales/calendrier/couillandreries (merci Natou) diverses faites par tes propres enfants ( et que tu as déjà payé vu qu' à la rentrée on te réclame les 4,5 € pour la technologie) et dont la recette servira à payer les voyages scolaires. Bref, tu paieras 2 fois.