Etre FAF
Etre femme au foyer, en 2005, c'est quoi ? Un choix librement consenti ou imposé par des contraintes économiques: pas assez de travail, travail mal rémunéré, manque de stuctures de garde pour les enfants ?
La femme au foyer, femme sans profession ou aux cent professions, comme une de mes consoeurs le dit .
Loin de l'image de bobonne revêche accrochée à son plumeau à poussière et sans autre conversation que la composition de sa blanquette de veau, l'image des femmes au foyer a le plus grand besoin d'évoluer.
Aucune d'entre nous ne se retrouve dans cette description. C'est de moins en moins un phénomène isolé: nombre de trentenaires, diplômées, choisissent de rester chez elle. je vous invite à aller lire cet article, sur le blog de MPLR
Certes, ce choix implique bien souvent de renoncer à un certain nombre d'avantages matériels que peut apporter un second salaire, ou tout simplement de devoir se serrer la ceinture.
Mais à bien réfléchir, est ce si terrible ?
La FAF se retrouve dans les paroles de Coluche: << dites moi ce dont vous avez besoin, je vous dirai comment vous en passer ! >>
En ce qui me concerne, j'ai grandi avec l'idée que plus tard, je devrai travailler, afin de m'assurer cette fameuse indépendance. J'ai poursuivi mes études, de façon à ne jamais avoir à dépendre d'un éventuel mari.
A la naissance de mon premier enfant, il a été trés clair que je ne confierai pas à une autre personne le soin de l'élever et de lui tenir la main lors de ses premiers pas. Impossible de m'imaginer, les matins d'hiver, le sortir en pyjama de son lit, et le déposer vite vite chez une assistante maternelle pour courir au boulot. J'ai donc naturellement choisi de devenir mère au foyer.
Contrairement à ce que les médias nous renvoient comme image de la femme, je pense qu'il est extrémement difficile de concilier les 2, vie familiale et vie professionnelle, ou du moins, de réussir parfaitement les 2.
Et c'est d'autant plus culpabilisant pour la femme, à qui on donne comme modèle une Super Woman, qui un attaché-case sous le bras, son mouflet sous l'autre, jonglerait à merveille avec conseil d'administration et confection du gâteau d'anniversaire pour l'école.
Et les terreurs nocturnes, les cauchemars, les enfants malades la nuit et toujours la veille d'une réunion importante, elle fait comment Super Woman pour être quand même au top ?!
Je savais par avance que je n'y serai pas arrivée.
Le cuisinier et la mère de famille effectuent la même tâche: nourrir des personnes. Seulement, au regard de la société, l'un existe, l'autre pas.
L'un a une activité rémunérée, l'autre pas, donc est invisible pour les statistiques.
Pourtant, notre rôle n'est pas aussi anodin que ça: donner à nos enfants les meilleures chances possible de devenir des adultes épanouis.
Loin de moi l'idée de dire que les enfants dont les mères n'ont pas d'autre solution que de travailler ou choisissent de le faire tout simplement parce qu'elles trouvent cela plus épanouissant, ne le sont pas. Ne tombons pas dans le piège des querelles entre celles qui ont fait le choix de travailler et celles qui ont fait celui de ne pas travailler. Chacune mène sa vie comme elle l'entend ou comme on la lui impose, et rien n'autorise les autres à la juger.
Ma principale motivation est de me dire que je voulais être là, au moment même où mes enfants ont besoin de moi. Ne rien rater de leur vie. Leur offrir mon écoute lorsqu'ils ont besoin de parler, et je ne voulais pas qu'ils aient à attendre mon retour du travail, sans doute fatiguée et pressée par le quotidien à assurer et peu disponible pour eux.
J'aimerai aller plus en avant maintenant, essayer avec d'autres, de faire en sorte que notre choix de vie soit mieux considéré, que la société porte un autre regard sur nous.
Là, dans cette revendication, je ne me reconnais pas, j'assume assez bien mon choix, et je ne me plains pas d'un manque de reconnaissance sociale à mon égard. Mais j'ai appris aussi à ne pas me cantonner entre les 4 murs de ma maison, et à transmettre le peu que je sais dans des domaines différents ou à donner aux autres du temps. Et j'ai appris aussi à manier l'humour pour répondre aux indélicats.
Mais je sais que beaucoup ne vivent pas aussi bien cette situation, dans notre société la femme au foyer est bien souvent considérée comme fade et transparente.
Le salaire maternel, ce n'est pas politiquement correct d'en parler, les féministes nous accusent tout de suite de vouloir renvoyer les femmes chez elle...C' est oublier un peu vite que toutes les femmes n'ont pas la chance d'avoir des métiers intéressants, épanouissants, fortement rémunérateurs. Celles qui n'ont pas d'autre choix que d'accepter un emploi sous-qualifié ou mal payé, si on leur disait, voilà nous allons vous verser l'équivalent de votre salaire afin que vous puissiez vous consacrer à l'éducation de vos enfants, à votre avis, elles répondraient quoi ? cela veut dire aussi qu'il faut engager une véritable reflexion pour aider les femmes à trouver des modes de garde qui leur serait accessible même sans travailler pour leur ménager quelques heures de liberté. Combien de cantines scolaires refusent les enfants dont la mère ne travaille pas ?
Et petite parenthèse, être femme au foyer et féministe n'est pas contradictoire ;-)
Le principal souci qui se pose à la FAF, est sans doute au niveau de la retraite. Je pense que c'est à ce sujet que nous devrions réfléchir. Avoir passé 40 ou 50 ans à se consacrer à sa famille, avoir élever des enfants devrait être pris en compte.
Bref, notre chemin est encore long! Si vous vous êtes retrouvées dans mon article, ou au contraire si vous souhaitez en débattre, n'hésitez pas.
Pour celles qui souhaitent poursuivre la discussion, voici quelques adresses:
Enfin, halte aux préjugés, chez nous ce n'est plus comme ça:
Mais plutôt ça, la FAF version 2005 :-)))))))
